Le BRP (Basic RolePlaying) est de retour

Le Basic RolePlaying est un système de jeu qui est en fait surtout connu par les univers qu’il a engendré ! RuneQuest, L’Appel de Cthulhu, Stormbringer, Elric!, Pendragon, le récent Rivers of London et j’en passe sont basés sur ce système, aussi appelé D100 car les actions de jeu utilisent ce dé pour leur résolution.

Depuis la sortie de la version précédente en 2014, avec une « belle » couverture jaune (qui lui a valu le surnom de Big Gold Book), assez kitchounette, il s’était passé peu de choses concernant le BRP. Chaosium semblait en effet plus intéressé de développer ses univers que le système générique. Certes, il y eu un DRS (Document de Référence du Système) en PDF pendant l’année 2020 mais il était tellement expurgé qu’on ne pouvait rien en faire (et soumis à la licence OGL de Wizards of the Coast, qui plus est). Et pourtant, Chaosium n’a pas abandonné le BRP qui vient de ressortir en anglais sous le nom de Basic Roleplaying: Universal Game Engine (je vais continuer à l’appeler BRP et ne pas abréger en BRPUGE…).

Même si je viens de démarrer quelques parties de Mythras, dérivé de RuneQuest et donc descendant du BRP, je me suis penché sur ce dernier pour voir son évolution par rapport à la version précédente. La couverture – dont je ne suis pas fan – est un hommage et atteste de la volonté générique des règles, un ensemble modulaire permettant de jouer tout type de scénario, depuis la fantasy jusqu’au contemporain en passant par la science-fiction et les super-héros. Il y a de quoi faire avec 266 pages au compteur…

On démarre sans surprise par quelques conseils, un glossaire, un peu d’historique puis la création de personnages avec les caractéristiques habituelles (Force, Constitution, Pouvoir, Dextérité, Charisme, Intelligence et Taille) tirées au sort ou en achat de point optionnel qui, multipliées par 5, donnent une valeur de pourcentage pour les jets dérivés (Effort, Endurance, Idée, Chance, Agilité et Charme). L’Education, que l’on trouve dans L’AdC, est ici une option et il y aura pléthore de règles qui seront à la discrétion du Maitre de Jeu en fonction de son désir de « crunch » et de l’univers qu’il voudra créer ou utiliser.

Ainsi, les compétences liées à la magie, aux mutations, pouvoirs psychiques, sorcellerie et super-pouvoirs seront, ou non, retenues. Parmi les autres possibilités, on peut citer la localisation des blessures, les points de fatigue ou encore la santé mentale (avec une version simplifiée de celle de L’Appel de Cthulhu). Bien sûr, une part importante est laissée à la liste des compétences, qui fonctionnent par achats de points (250 pour un humain « normal » et jusqu’à 500 pour un superhumain !).

Le tout est résumé sur deux pages autour d’une fiche de personnage que tout joueur ayant pratiqué un JDR Chaosium reconnaitra…

Selon l’univers, des professions indicatives sont suggérées, ce qui donne accès à une liste de compétences spécifiques (10 par métier) et des valeurs de base prédéfinies pour chacune (là où Mythras se base sur deux caractéristiques liées, ce qui me parait plus judicieux). Les compétences sont longuement détaillées afin de pouvoir les modifier ou adapter au mieux.

Un chapitre est consacré aux « pouvoirs« , terme générique ici pour la magie (avec une liste de 30 sorts classiques), les mutations (qui peuvent affecter sensiblement le personnage), les capacités psychiques (ici, une vingtaine de psioniques sont décrits), la sorcellerie (qui fonctionne différemment de la magie et a des sortilèges bien plus maléfiques – on peut ainsi tenter d’invoquer des démons et des dieux !) et les super-pouvoirs (là encore, une trentaine de typiques sont disponibles).

Le système du BRP est basé sur le jet d’un D100, avec plusieurs niveaux de succès : spécial (1/5ème de la compétence utilisée), critique (1/20ème) tandis qu’un fumble peut se produire (sur une valeur pouvant aller de 96 à 100 selon celle de la compétence). Le BRP utilise une table de résistance qui sert aux jets d’opposition et l’expérience s’acquiert en utilisant avec succès ses compétences, ce qui permet de les augmenter. Le combat est bien sûr largement couvert, avec un rang d’action en fonction de la dextérité – ou de l’intelligence pour les pouvoirs. A noter que leur résolution se fait de façon différentielle selon les types de succès ou d’échec (ce qui, dans Mythras, déclenche des « effets spéciaux » rendant le combat plus complexe mais aussi plus tactique). On trouve aussi ici des tables de fumbles toujours appréciables^^.

Des tonnes de règles additionnelles permettent de s’adapter à toutes les situations, des dégâts d’acide au combat en gravité zéro ou bien avec les radiations ou le combat monté pour n’en citer que quelques unes ! Bien sûr, des listes d’équipement, armes et véhicules adaptées à tous les univers de jeu sont présentes dans le livre.

La dernière partie de celui-ci s’adresse au Maître de Jeu et donne des conseils mais aussi des éléments pour créer son setting, choisir les règles optionnelles adaptées, en rajoute même encore quelques unes comme l’allégeance, les passions (qui viennent de RuneQuest me semble-t-il), la réputation et la fameuse santé mentale ! Enfin, un bestiaire assez général car mixant des êtres et créatures de plusieurs univers complète l’ouvrage.

Par rapport à la précédente édition, on notera la volonté de Chaosium de remettre au goût du jour la maquette. Ce n’est pas toujours heureux, avec une police de caractère parfois dure à lire ou des tonnes de tableaux pas forcément judicieusement placés. Heureusement que des illustrations variées viennent aérer un peu tout ça. Des notes de conversion permettent de faire le parallèle des compétences, certaines ayant été renommées, avec celles de RuneQuest ou de L’Appel de Cthulhu tandis que de nombreuses règles sont optionnelles. Ce qui est le point fort du système, permettant au MJ de choisir ce qui l’intéresse, mais aussi son point faible, car on peut être perdu devant la multitude d’options et de choix. C’est hélas inévitable avec un système générique !

En conclusion, pour un MJ « bricoleur » aimant piocher dans un ensemble de règles, le BRP est parfaitement adapté et bénéficie avec cette édition des décennies de retour d’expérience sur des jeux glorieux comme RuneQuest ou L’Appel de Cthulhu. Ceux-ci ont enrichis cette édition par rapport à la précédente. De plus, le BRP est maintenant publié sous licence ORC, ce qui permet de l’utiliser pour des créations commerciales si on le souhaite. Pas de quoi concurrence la 5E de D&D mais quand même… Si on préfère un univers plus cadré, il vaut mieux, par contre, s’orienter vers un « clé en main ».

Je doute que cette édition arrive un jour en France, vu le mal que l’éditeur EDGE a déjà pour sortir des suppléments pour ses jeux ! Du coup, je ne le voie pas traduire et publier cet opus pour une cible de rôlistes forcément plus restreinte. Dommage, cela redonnerait un coup de fouet au D100 qui me semble trop peu représenté. Sur un système proche, ceux-ci pourront s’orienter, comme moi, vers Mythras dont la version de base est gratuite et donc la V2 vient de sortir en anglais (et prochainement en VF). Mais ce sera le sujet d’un prochain article…

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