Ma campagne dans les Royaumes Oubliées touche à sa fin et il est temps de penser à une prochaine. Tant de possibilités… Quoi qu’il en soit, ce sera une mini-campagne de quelques mois et tant qu’à faire, autant changer d’univers. Si j’ai considéré Krynn il y a un moment, je n’ai pas encore ouvert mon exemplaire de Shadow of the Dragon Queen (qui a des retours mitigés) et je vais plutôt partir explorer le Monde de Greyhawk, ou Faucongris pour les francophones (quoique… voir plus loin).
Après tout, je n’y ai jamais joué ni maîtrisé, et c’est quand même le monde iconique des débuts de D&D/AD&D, avec Gary Gygax et ses amis inventant le jeu et ses concepts. De nombreux sorts sont nommés d’après les magiciens de cet univers (Bigby, Mordenkainen, Otiluke, Tenser, Melf, Otto, Leomund…), on croise des personnes qui en sont issus un peu partout (Tasha/Iggwilv, Vecna…) et il y a bien sûr les modules ou aventures mythiques qui y sont localisées, au moins à leurs origines (Against the Giants, The Temple of Elemental Evil, Tomb of Horrors, The Keep of the Borderlands, The Sinister Secret of Saltmarsh, White Plume Moutain, Castle Greyhawk… j’en passe car il y en a des dizaines). Et il y a bien sûr la ville éponyme, avec son château et ses nombreux donjons !
Je souhaite aussi un monde qui soit plus low fantasy que les Royaumes Oubliés même si, comme je l’ai lu quelque part, Greyhawk est un setting de high fantasy déguisé en low fantasy. Au moins, on ne croise pas une race exotique ou un vendeur d’objets magiques à chaque coin de rue… Car le monde est très humano-centré, avec plusieurs peuples plus ou moins mêlés suite à des migrations et ce sont les races non-humaines « classiques » (elfes, demi-elfes, nains, petites-gens) qui y sont ensuite le plus représentées, ce qui est « normal » vu la date de son invention. Ce qui me convient très bien, n’étant pas adepte des ménageries de la 5ème édition. L’ami Picte disait aussi sur mon Discord que les inventeurs étaient triclassés rôlistes, wargames et joueurs de Diplomacy – et Gary Gygax a bien décrit la cinquantaine d’états de son univers, avec de nombreux conflits, des ennemis à chaque frontière et un côté médiévalisant attirant (notamment avec une héraldique détaillée), mais aussi avec la description des leaders, forces militaires, ressources… ce dont manquent souvent les Royaumes Oubliés, réduits à leur plus simple expression dans la 5E.
Voyons donc les grandes périodes en un survol rapide, je ne suis pas un puriste et l’ai pas l’intention de tout connaître ni tout lire, mais juste de me repérer un peu mieux avant de choisir où – et quand – préparer des aventures. A noter que je laisse volontairement de côté les suppléments consacrés à la Cité Franche de Faucongris-Greyhawk puisque je n’ai pas l’intention d’y faire jouer des aventures.
A noter que tous les suppléments cités, et bien d’autres, sont disponibles officiellement en anglais sur le site DM’S Guild.
Les origines : le Folio (1980)
Je passe rapidement sur le premier supplément du D&D original, publié en 1975, pour parler de celui qui a vraiment popularisé le setting.
Gygax était étonné que des joueurs veuillent jouer dans son monde plutôt que de créer le leur, et la première édition de Greyhawk est donc assez succincte. Un livret de 32 pages, The World of Greyhawk, surnommé le « folio« , décrit rapidement l’histoire du monde et ses grandes migrations, les pays, le calendrier, les déplacements, les blasons ou encore des runes et glyphes. Le strict minimum, quoi, le reste étant laissé au Dungeon Master, ce que je trouve un peu juste. Mais le folio s’accompagne des cartes iconiques (et immenses) de DARLENE qui marqueront l’histoire du jeu de rôle.
La datation interne est fixée à l’année 576 CY (common year) ou AC (année commune) selon le calendrier le plus répandu, et il y a une paix relative entre les différentes forces en présence, certains pays étant clairement du côté du Bien et d’autres du Mal (les alignements, en désuétude de nos jours chez certains, sont bien présents à l’époque).
A noter, et c’est très important pour les francophones, que sur le site La Forge de Papier, avec l’aide du forum « de D&D à AD&D » , des passionnés ont traduits et diffusent le folio – et les sublimes cartes – sous le nom de « Le Monde de Greyhawk » (ou l’Atlas), parmi de nombreux autres trésors. J’en parlai plus haut, le nom n’est pas traduit (à l’instar de nombreux noms de lieux de la 5ème Edition, d’ailleurs). Je préfère pour ma part passer à Faucongris, plus immersif à mon goût, certains allant même jusqu’à parler de Grisfaucon (que j’aime moins).
Greyhawk boxed set (1983)
En 1983, une version plus détaillée parait sous la forme d’une boîte cartonnée. Elle comprend un livret de 80 pages avec une reprise de son descriptif, plusieurs pages sur les arbres (!), les dieux très détaillés et la hiérarchie féodale. Un autre livret de 48 pages, le glossaire, l’accompagne et reprend les déplacements, ajoute des tables de rencontres, par pays et terrains, puis les dirigeants et la météo ou encore quelques pistes d’aventures ! Et bien sûr y figurent les cartes du monde, avec la localisation des principaux lieux qui réfèrent à leurs coordonnées.
Une bonne révision du premier livret, donc, mais uniquement en anglais.
Greyhawk Adventures (1988)
Cette fois, il s’agit d’un recueil pour AD&D qui, comme son nom ne l’indique pas, comprend de nombreuses informations. Les principaux dieux (avec les caractéristiques chiffrées et détaillées de leurs avatars !) et les spécificités de leur clergé, plusieurs monstres spécifiques du setting (dont un dragon !), des personnages ou dirigeants de haut niveau, de très nombreux nouveaux sortilèges et objets magiques, la description de plusieurs zones géographiques intéressantes et enfin 6 aventures de niveau bas ou moyen. Enfin, une annexe permet de créer des personnages de niveau zéro.
Un livre un peu fourre-tout où aller piocher des informations et des idées.
Greyhawk Wars (1991)
Tu la veux ta guerre ? En tout cas, la seconde édition de AD&D voit le monde de Greyhawk se déchirer avec une boîte de wargame qui décrit comment les forces du Mal (et notamment Iuz ou la Fratrie Ecarlate) attaquent les pays environnants, faisant ainsi bouger les frontières et vivre l’univers. Le jeu s’accompagne ainsi d’un livret qui détaille les protagonistes et le déroulement de la guerre, ainsi que les limites politiques modifiées.
Intéressant dans le cadre d’une campagne se déroulant en plein conflit, celui-ci se terminant en l’année 584 CY.
From the Ashes (1992)
Après la guerre, le status quo. C’est ce que propose ce supplément écrit par Carl Sargent (après le départ de Gygax) qui détaille le monde après le conflit et décrit le nouvel équilibre en place, le Grand Royaume étant en miettes. Pas de victoire trop nette ni décisive cependant, ni dans un camp ni dans l’autre, mais plutôt des ennemis à bout de souffle qui se regardent avec haine, d’autant plus qu’ils n’ont pas forcément les ressources pour reprendre le combat.
From the ashes est une boîte comprenant un Atlas d’une centaine de pages, présentant le monde en détail suite aux guerres qui l’ont ravagé, un Campaign Book de 96 pages qui gravite autour de la ville de Greyhawk (où a été signé le Pacte de la fin de la guerre), des cartes, scénarios et aides de jeu pour le MJ ainsi que des monstres supplémentaires. L’action est déplacée à l’année 585 et le cadre de campagne peut convenir à des aventures dans un monde dévasté et désespéré. Néanmoins, la possession de la boîte City of Greyhawk est fortement recommandée si l’on veut jouer dans cette ville.
Living Greyhawk Gazetteer
En 1997, Wizard of the Coast achète TSR et relance le monde de Greyhawk. Cette fois, c’est Roger E. Moore qui est aux manettes et l’action est déplacée à 591 CY avec le sourcebook The Adventure Begins. S’il existera ensuite un Atlas de 30 pages qui marque le passage à la 3ème édition de D&D, c’est à partir de cette base que se lancera la campagne Living Greyhawk avec son propre atlas de près de 200 pages. Celui-ci avait été traduit en français et reprend l’Atlas de 1983 en le mettant à jour suite aux Guerres. La campagne partagée dura 8 ans (!) avec des pays « gérés » ou impactés par les joueurs des pays réels, je l’ai un peu évoqué dans cet article. Hélas, peu de suppléments sont sortis à cette époque et Greyhawk a ensuite décliné au profit des Royaumes Oubliés…
Et maintenant ?
Laissé en friches depuis des années, Greyhawk ne subsiste que par des allusions ici ou là, des personnages emblématiques sur lesquels Wizards of the Coast capitalise encore, par exemple en utilisant leurs noms pour ses livres (Mordenkainen, Tasha…) sans pour autant actualiser ou republier le setting. D’ailleurs, celui-ci n’est pas accessible pour des publications sur la DMsGuild, il faut se contenter de sorties amateures partagées gratuitement. Si vous êtes intéressés, je pourrais faire un autre article sur du contenu pour adapter Greyhawk à la 5ème édition.
A noter aussi qu’après les cartes mythiques de DARLENE , les cartes non moins réussies mais au style photo-réaliste d’Anna B. Meyer sont un plaisir pour les yeux, avec une personne qui explore ce monde depuis des décennies et le décline en plusieurs versions selon les années du calendrier du jeu.
Citons aussi pour mémoire une campagne qui dure depuis 40 ans, celle de Lord Gosumba, qui streame aussi avec Meyer et parfois Ed Greenwood himself…
Mon projet de mini-campagne
Après ce rapide survol de Greyhawk, j’ai décidé de créer une petite campagne en 576, c’est à dire l’année de la publication originelle du Folio. Moins de background à intégrer, plus de liberté sur l’histoire (tout en sachant ce qui va arriver « normalement » ensuite, ce qui est appréciable).
Niveau géographique, la bordure entre l’archétype du Bien, le Royaume de Furyondie, et celui du Mal, les Terres d’Iuz, fait un bon endroit pour quelques missions à accomplir au service des gentils. Je n’en dirai bien sûr pas plus pour ne pas spolier !
Quant aux règles, je pense partir sur AD&D ou son rétroclone OSRIC car quitte à explorer des terres mythiques, autant ressortir mes bouquins non moins prestigieux ! Nostalgie…
Si (quand ?), la campagne voit le jour, j’en parlerai bien sûr ici.
Lectures complémentaires
Si vous souhaitez aller plus loin, je vous propose quelques pistes de plus :
Lance 1d20 : blog jeux de rôles 
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